R. Queneau "Figures de styles" /// Illustration, DNAT1

A partir du texte de Queneau ; "Exercices de styles" nous devions choisir un des textes et l'illustrer. Pour représenter cette écriture hachée, j'ai utilisé le pochoir. Cette méthode est simple, angulaire, et permet des superpositions de couches et un rapport couleur-fond neutre très intéressant.


Version originale :
"Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s’irrite contre un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu’il passe quelqu’un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, il se précipite dessus. Deux heures plus tard, je le rencontre Cour de Rome, devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un camarade qui lui dit: "Tu devrais faire mettre un bouton supplémentaire à ton pardessus." Il lui montre où (à l'échancrure) et pourquoi."

Mon choix s'est porté sur le texte "Apocope".

"Je mon dans un aut plein de voya. Je remar un jeu hom dont le cou é sembla à ce de la gira et qui por un cha a un ga tres. Il se mit en col con un au voya, lui repro de lui mar sur les pi cha fois qu'il mon ou descen du mon. Puis il al s'as car u pla é li.
Re ri gau, je l'aper qui mar en long et en lar a un a qui lui don des con d'élég en lui mon le pre bou de son pard."

Apocope est une figure de style qui se caractérise par la suppression de phénomènes ou de syllabes(vocaliques ou consonantiques) en fin de mot. Procédé phonétique, l'apocope peut être employée sciemment pour oraliser un discours ou pour brouiller le message dans un but esthétique particulier. J'aime cette idée de simplicité rendue à l'extrême, à la limite de l'incompréhension. Ce style d'écriture retranscrit, pour moi, une conversation qu'on écoute dans le bus; on comprend l'essentiel sans plus de détails. J'ai aimé cette idée d'audition écrite.